Le Conseil d’État a élaboré un budget déficitaire de 69 millions. Après le travail en commission, ce déficit fut ramené à 49 millions. Malgré son travail, la commission refuse le projet pour différentes raisons. Les libéraux estiment que l’État ne peut pas continuer de distribuer de l’argent qu’il n’a pas. L’UDC estime que les comptes de l’État doivent être équilibrés et qu’il n’est pas acceptable que l‘État doive emprunter pour fonctionner. Les Vert-libéraux sont convaincus que le canton a un problème de dépenses et pas de recettes.
A droite, l’État doit se gérer selon les principes économiques pratiqués par les entreprises. La solution est d’une simplicité effrayante, quand on n’a pas d’argent on réduit les dépenses. Pour eux, les tâches publiques qu’un État doit fournir à sa population ne trouvent pas place dans leur raisonnement.
A gauche, les Verts observent que la droite veut prendre à la classe moyenne pour donner aux plus riches. Le POP estime que fragiliser les plus faibles ne constitue pas un projet de société et les socialistes disent refuser le budget, car les diminutions prévues dans le domaine social sont inacceptables. Ces propos clairs méritaient d’être observés attentivement car habituellement un accord de dernière minute est trouvé entre les libéraux et les socialistes.
Lors de la session ordinaire, l’entrée en matière a été acceptée et le débat lancé avec beaucoup de propositions pour que chaque formation défende ses conceptions financières. La droite continue de profiter de l’État et il n’apparaît aucun compromis incluant une politique sociale, aucune mesure pour augmenter les recettes de l’État. Par contre, elle exige une diminution accrue des tâches étatiques et moins d’impôts pour les revenus de plus de 60’000 fr.. Une proposition ridicule à titre individuel mais qui représente une réduction de 4 millions de francs dans les caisses de l’État. La gauche soutient la dérogation au frein à l’endettement et vote une proposition tendant à augmenter l’impôt sur les gains spéculatifs immobiliers.
A la dernière séance budgétaire, les positions fusent pour tenter de trouver une majorité pour que le canton possède un budget pour l’année prochaine. Malgré quelques propositions atténuant certaines mesures, la majorité du parlement a refusé le moindre geste pour aller prendre un peu d’argent là où il est pour le mettre là ou il faut. Pour être accepté, le budget devait pouvoir compter sur 69 voix. Finalement, à deux voix près, 71 députés ont dit oui au budget contre 41. Avec un déficit de 50 millions, le gouvernement pourra continuer sa politique antisociale l’année prochaine, année d’élections cantonales. Soulignons que l’habitude socialiste n’a pas été remise en question et la majorité de ses députés a accepté le budget et a rejoint, à contre-cœur (!), la position libérale.
Le bilan de ce nouvel épisode financier nous invite à observer que le Conseil d’État a choisi le chemin de l’austérité. La pression sans concession fondamentale de la droite le pousse contre le mur. Du point de vue des dogmes néolibéraux, les conseillers d’État socialistes s’alignent à droite, soutenus dans les faits par leurs députés. Ce louvoiement séparant les propos des actes s’exprime par les propos du Conseiller d’État Jean-Nat Karakasch pour qui l’idée que la baisse de la fiscalité des entreprises a joué un rôle dans les difficultés financières du canton n’est qu’une légende !
En résumé, à droite l’augmentation de la rigueur a permis quelques nuances chez les libéraux pour leur permettre de soutenir le budget. Le non de la rigueur idiote provient de l’UDC qui ne voit que les chiffres et non ce qu’ils recouvrent socialement. A gauche, la majorité du groupe PopVertsSol a tenu une position claire en défendant le principe qu’un budget équilibré ne pouvait s’élaborer qu’avec une participation des plus riches et de l’économie pour gérer une collectivité de manière satisfaisante. Soulignons qu’un socialiste a refusé le budget et qu’un popiste l’a accepté... rien n’est simple.
Que restera-t-il de cet épisode au moment des élections cantonales ? Probablement un maintien de l’abstentionnisme.
Alain Bringolf