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Séance du Conseil général du 5 mai 2009

 Ville de La Chaux-de-Fonds - Intervention sur les comptes 2008

vendredi 8 mai 2009


Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président,

Les comptes 2008 sont bons, et nous nous en réjouissons. Tout d’abord, parce que vu la conjoncture économique de l’année 2008, il serait simplement catastrophique de ne pas parvenir à équilibrer nos comptes. Cela indiquerait que la richesse créée ici ne profite pas à notre communauté, ce qui remettrait en cause plusieurs fondamentaux de notre organisation économique et sociale. Mais surtout, nous nous réjouissons que les efforts consentis par le personnel communal, qui travaille le plus souvent à la limite du sous-effectif, et par la population qui a accepté la baisse de qualité de certaines prestations ou la hausse du coût d’autres prestations ne sont ainsi pas vains ; et parce que l’amélioration de notre situation financière nous permet de regarder l’avenir avec un peu plus de confiance et de capacité d’action. Nous en aurons besoin, nous le craignons.

Le Conseil communal a entrepris depuis maintenant cinq ans un train important de réformes afin de retrouver un équilibre du compte de fonctionnement mis à mal par les nombreuses réformes fiscales des années précédentes. Il a en particulier retrouvé la maîtrise des principales charges relevant de sa compétence. La réduction conséquente et le respect des budgets alloués aux biens, services et marchandise en est la preuve. Le temps où les services « utilisaient le budget » en fin d’année est révolu et nous en sommes heureux car il ne contribuait qu’à discréditer le travail de ces services auprès de la population. Il est par contre souhaitable que nous ne restions pas trop longtemps dans le temps où les employés achètent eux-même leurs crayons et perdent du temps et de l’énergie avec du matériel obsolète qui tombe régulièrement en panne.

La maîtrise du compte de fonctionnement repose également sur une réduction importante de l’entretien de nos infrastructures, bâtiments etc. Nous n’avons pas renoncé à remplacer les collecteurs en fin de vie, mais les coups de peinture manquent souvent dans les appartements communaux comme sur les passages piétons, sans parler des vestiaires de la piscine ou du parc des sports. Alors oui, nous ne pouvons pas tout refaire d’un coup et la situation ne date pas d’hier, mais nous devons malgré tout nous poser des questions dans le choix de certaines priorités et dans ce qui contribue le mieux à l’amélioration de la qualité de vie pour les habitants et l’image de la ville, par exemple entre des vestiaires insalubres, des marquages au sol mités et des panneaux d’entrée de ville high-tech.

La charge de personnel a elle aussi fait l’objet de mesure d’assainissement drastique : si la situation dans les comptes 2008 s’est légèrement péjorée par rapport aux comptes 2007, c’est juste que nous avons levé les mesures sur les salaires du personnel communal et que nous avons consenti à quelques compensations et réajustements là où la sécurité était en jeu. Mais nous ne formons pratiquement plus de jeunes, nous ne participons que faiblement à l’intégration professionnelle de personnes handicapées ou en difficultés personnelles, le budget de formation continue profite principalement aux cadres, et nous sommes dans l’incapacité d’absorber de nouvelles tâches sans en abandonner d’autres. Bref, notre gestion du personnel ressemble malheureusement davantage à celle de beaucoup d’entreprises axées sur le bénéfice de leurs actionnaires, plutôt qu’à celle d’une collectivité publique responsable d’une communauté humaine, qui plus est à majorité de gauche et alors que le taux de chômage local s’affole. Bien sûr, il y a des contre-exemples, comme les bonus versés aux cadres et dirigeants, je vous le concède volontiers, mais cela ne change pas le fond du problème.

Le Conseil communal s’est aussi attelé à assainir le bilan financier de la ville. A l’heure où les taux d’intérêts rasent le sol, le poids de notre dette et de nos emprunts ne doit pas constituer un cheval de bataille. Par contre, analyser la structure de cette dette et anticiper les conséquences d’une possible remontée des taux d’intérêt relève d’une prudence légitime et bienvenue, même si les milliards injectés par les gouvernements pour renflouer le système bancaire mondial éloignent un peu l’heure de cette remontée des taux.

Mais tous ces efforts semblent bien dérisoires face aux deux principaux facteurs qui façonnent réellement nos résultats financiers : les décisions cantonales et la conjoncture économique et donc, nos rentrées fiscales. En effet, la fiscalité constitue plus de la moitié de nos recettes et se révèle bien plus difficile à maîtriser que les frais de conciergerie de nos bâtiments. De fait, c’est principalement à elle que nous devons le bon résultat de ces comptes 2008. D’une part, la hausse de la population et des revenus de cette dernière amène plus de 6 millions en plus dans nos caisses par rapport à l’année passée et constitue sans doute une amélioration durable de nos recettes. Pour évaluer ce « sans doute », une analyse manque encore sur la composition socio-économique de ces nouveaux habitants. Mais la progression est encore plus marquée du côté des personnes morales : 10 millions de plus en une seule année. Rappelons-nous qu’en 2004, nous touchions à peine 8,5 millions de l’imposition des personnes morales, contre 34 millions en 2008. Dans cette progression, une part est d’origine structurelle, grâce à l’établissement de quelques sièges sociaux sur notre territoire, et une autre est conjoncturelle, reflet du boom que l’industrie horlogère et les secteurs connexes ont connu jusqu’au milieu de 2008. Pour pouvoir réagir à des masses si fluctuantes sur lesquelles nous n’avons aucune maîtrise directe, une analyse approfondie des éléments structurels et conjoncturels de nos recettes fiscale manque encore et doit absolument être menée. Nous demandons au Conseil communal de renforcer ses efforts dans ce sens et de faire preuve de la même inventivité et de la même ténacité sur ce terrain que celles qu’il a montrées face aux charges communales.

D’une manière générale, c’est notre capacité d’analyse rapide qui doit être améliorée face aux difficultés qui menacent à l’horizon. Comme les recettes fiscales, l’évolution du chômage et du recours à l’aide sociale doivent être nettement mieux analysés pour pouvoir agir vite et mettre en place des instruments permettant de palier aux difficultés des populations les plus touchées par le retournement conjoncturel. D’autant que si la crise perdure, ce n’est pas seulement notre commune qui devra faire face à des besoins accrus en matière sociale et à une baisse de ses recettes fiscales. Et nous ne pourrons pas attendre pour agir. De ce point de vue, la réserve de crise que le Conseil communal nous propose de constituer est un peu un chèque en blanc et il faudra veiller à l’utiliser au mieux, en se donnant quelques règles. Typiquement, nous ne répondrons pas au chômage des horlogers en augmentant le travail des maçons ! Nous attendons des précisions sur l’utilisation de cette réserve, que nous acceptons par ailleurs quant à son principe.

Je terminerai en remerciant au nom du POP l’ensemble du personnel communal et ses responsables, Conseil Communal compris, pour cet exercice 2008 qui nous permet d’aborder 2009 avec un peu de grain dans la grange, à défaut de sérénité.

Je vous remercie de votre attention.

Pour le groupe POP, Pascale Gazareth

POP neuchâtelois  |   Dernière mise à jour: le 15 mars 2018

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