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Séance du Conseil général du 13 décembre 2010

 Ville de La Chaux-de-Fonds - Intervention de Pascale Gazareth, rapporteuse du POP, sur le budget 2011

samedi 18 décembre 2010


Mesdames et messieurs, Monsieur le président,

Le POP acceptera le budget 2011 en se réjouissant du résultat qu’il propose, tout proche de l’équilibre. Au sortir de la rapide et profonde crise que nous venons de traverser, ce budget apparaît comme celui de la respiration après deux années de brasse coulée.

Nous nous réjouissons en particulier que les mesures prises l’année dernière sur la progression des salaires des employés communaux se voient dès cette année annulées grâce au mécanisme automatique mis en place lors du vote du budget 2010. Les craintes que nous avions de voir ces mesures pérennisées sont donc définitivement écartées. Nous ne dirons cependant pas que ce budget a pu se construire sans mesures sur les conditions de travail du personnel communal. En effet, si aucune mesure financière n’a été prise cette année, la politique de compression des effectifs voulue dans tous les services est elle, maintenue. Il en résulte presque partout une grande pression sur le personnel, tant physique que psychique, dont les effets à long terme nous inquiètent. Même les marathoniens les mieux entraînés doivent parfois pouvoir se reposer et reprendre des forces.

Nous nous réjouissons aussi de l’effort important consenti pour améliorer l’accueil extrascolaire des enfants. Dans une société où le seul salaire du chef de famille ne suffit souvent plus à boucler les fins de mois, où les aspirations d’indépendance des femmes et les divorces fréquents dopent l’activité rémunérée féminine, où lieu de vie et lieu de travail sont de plus en plus souvent disjoints, et où l’économie cherche à tirer davantage profit de la réserve de main-d’œuvre que représentent les femmes au foyer ou à temps partiel, des intérêts divergents se rejoignent pour alléger la tâche des parents et les rendre plus disponibles pour le marché du travail. En ce qu’elles facilitent la vie de nombreuses familles et un meilleur libre-choix des mères en particulier, nous soutenons ces mesures. Mais nous rappelons les limites que nous posons à ce développement de l’accueil extrafamilial des enfants : son coût pour les familles modestes, son étendue qui ne doit pas encourager un élargissement des horaires de travail des parents, et la qualité de vie des enfants.

A côté de ces aspects positifs, nous restons inquiets des conséquences de la dernière crise sur l’insertion professionnelle des personnes répondant mal aux exigences actuelles du marché du travail. La crise n’est pas terminée pour tout le monde en ville, et comme chaque crise, elle a jeté une partie de la population dans le fossé. Et la révision de la loi sur le chômage acceptée cet automne par la majorité du peuple suisse reportera sur la commune une partie de la facture sociale de la marche de l’économie privée. Nous resterons attentifs à ce que la commune continue à intervenir, comme employeur même temporaire, en faveur des hommes et des femmes que le marché rejette.

Enfin, comme les années précédentes, nous relevons la fragilité de notre situation financière. L’équilibre auquel nous touchons tient à de nombreux facteurs, mais la péréquation intercommunale, les taux d’intérêts exceptionnellement bas qui allègent le coût de la dette et surtout les prévisions de la taxation des personnes morales y jouent un rôle déterminant. Nous évoluons dans un système dont les bases sont vacillantes et qui tient grâce aux multiples rustines et béquilles posées sur ses zones de fractures. La solidarité intercommunale est réelle, mais souvent décriée, et mise à mal par le déséquilibre profond du financement des infrastructures dans le canton. Les taux bas répondent à une pléthore d’argent chez les uns et à son manque manifeste chez les autres, dont la consommation est stimulée par l’emprunt facile mais avec la menace d’une remontée des taux. C’est vrai au niveau des individus comme au niveau d’une commune comme la nôtre. Les entreprises sises sur sol communal sont une richesse et une source vitale d’emploi, mais leur implantation n’est pas gratuite, de même que leur maintien, elles ne garantissent plus l’arrivée de nouveaux habitants, ni le co-financement des infrastructures ou de la vie associative locale. Et surtout, les rentrées fiscales de notre commune sont le jouet de leurs montages financiers encore plus que de la conjoncture économique.

Quant à la vente de certains actifs, évoquée en commission financière, nous ne pouvons la concevoir que dans la perspective d’une modernisation de notre patrimoine, autrement dit, d’une adaptation aux besoins de notre époque ou dans le cadre de la politique du logement acceptée récemment par notre conseil. En aucun cas, elle ne doit être pensée comme une mesure financière.

Face au vieillissement des équipements sportifs et culturels ou face à la nécessité d’aménager les conditions d’une vie moderne flexible, changeante et mobile, la ville est aujourd’hui beaucoup trop seule et ses ressources insuffisantes. Face à la stigmatisation du secteur public, trop souvent présenté comme inefficient, gaspilleur et responsable de tous les maux financiers de la population, le soutien de la population nous manque souvent pour changer véritablement la donne actuelle, qui favorise systématiquement ceux qui amassent les millions comme des trophées dans une spirale compulsive qui ne profite plus à personne. Rétablir un réel équilibre financier ne peut pas s’envisager à nos yeux sans de profondes réformes structurelles dans l’équilibre entre population, collectivités publiques et acteurs économiques privés.

2011 sera donc une respiration, pour continuer à avancer, mais sans véritable nouveau souffle. Pourtant, nous aurions bien besoin qu’un nouveau souffle emplisse nos poumons et régénère l’air de plus en plus vicié que nous respirons dans ce monde capitaliste à la démocratie corrompue par la démagogie et la peur.

Pascale Gazareth, rapporteuse du POP

POP neuchâtelois  |   Dernière mise à jour: le 15 mars 2018

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