Conformément à la Constitution, le Conseil d’Etat neuchâtelois a présenté son programme pour la législature. Les termes utilisés sont racoleurs, confiance et détermination. Il s’agit de fixer un cap et tracer des lignes pour inspirer les choix et l’action. Il dit avoir « pris le temps de l’écoute, du dialogue et de la réflexion avec de nombreux acteurs et partenaires ». Nous n’avons pas trouver lesquels. Ce programme politique, conduit majoritairement par trois socialistes, a convenu à la droite parlementaire qui en a pris acte avec une grande satisfaction. Un peu à gauche, les socialistes ont soutenu, selon la tradition, leurs représentants. Plus à gauche encore, le groupe PopVertsSol l’a majoritairement refusé. Quelques verts se sont abstenus ou l’ont même soutenu alors que les popistes et le membre de SolidaritéS l’ont refusé.
Les popistes, membres de la gauche plurielle, ne se sont pas retrouvé dans la ligne générale de ce programme. Les coupes sociales se poursuivent et les bonnes intentions sur la réinsertion des sans emplois ne sont possible qu’en réduisant aux plus démunis leurs maigres moyens. François Konrad de solidaritéS et rapporteur du groupe, a comparé le Conseil d’État à un marcheur. « Le Conseil d’État comme le marcheur dit sa volonté et sa vision positive des choses qui lui permettront d’atteindre le but recherché. Il tente de garder le sourire lorsque la majorité de notre hémicycle charge le contenu de son sac avec le lourd caillou représenté par les économies structurelles qui lui sont demandées, soit 160 millions de francs de plus à trouver ». Deux mesures « phares » imaginées par le Conseil d’État soulève un problème politique de fond. Il s’agit de la réduction du nombre de députés et la suppression des districts avec à la clé une seule circonscription électorale. Pour le député de Neuchâtel, « La première de ces deux mesures a clairement pour corolaire la disparition du législatif cantonal d’au moins deux composantes de notre groupe, avec le constat que seuls seraient représentés les grands partis. Cet état de fait représente pour nous une limitation des outils démocratiques à laquelle nous nous opposons très clairement ». Pour ce qui est de n’avoir qu’une seule circonscription électorale, force est de constater que là aussi, le risque est réel de voir les régions périphériques moins bien représentées dans l’hémicycle. Le gouvernement présente ces propositions avec la volonté d’avoir une plus grande cohésion cantonale et d’en finir avec des députés qui ne défendent que les intérêts de leur région. Le même objectif stimule les fusions de communes. Cette obsession des concentrations et des fusions est largement portée par le parti socialiste qui y voit une modernité bienvenue. Ils n’y voient pas la limitation de ce qui fait la biodiversité politique et sociale d’un canton et toute sa richesse.
Les participantes et participants au comité cantonal du POP ont stigmatisé cette folie de l’efficacité. Elle sort en droite ligne des stratégies économiques. Celles qui imposent aux peuples les effets d’une concurrence libre et non faussée. « Or, tout ramener à la notion d’efficacité, le reste (c’est-à-dire le plus important : la délibération) deviendra accessoire et la dérive sécuritaire et autoritaire s’entendra » selon les propos d’une députée socialiste (eh oui !) Française.
Pour les dirigeants du POP il faut continuer de donner la parole aux gens et faire la politique à partir de chez eux. Lorsque les décideurs s’éloignent, c’est l’ensemble du pays qui s’appauvrit. Mais la position du Conseil d’État, bien relayée par les grands médias, s’exprime avec simplicité et est compris par la population - Le parlement doit être plus efficace et coûter moins cher. De telles intentions aboutissent à un parlement composé de spécialistes issus des hautes écoles, des milieux économiques et de quelques hauts fonctionnaires, bref des milieux qui construisent la société d‘aujourd’hui dont on n’arrête pas de vanter les mérites.
Des popistes en provenance d’autres pays plus autoritaires nous disent « ne perdez pas la diversité suisse, vous ne savez pas la richesse qu’elle génère ! ».


