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 Une idée de chenit

lundi 14 septembre 2015


En 2007, La Chaux-de-Fonds connaît une importante crise financière due à une mauvaise conjoncture. Laurent Kurth, alors chef des finances, cherche un truc pour réduire le coût de la dette de la Ville. Il réfléchit, se torture les méninges sans relâche. Et, ô miracle, voilà la solution qui jaillit du formidable esprit : aller renégocier deux emprunts de CHF 10 millions que la Ville a contractés auprès de la Depfa bank.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les deux emprunts fusionnent en un de CHF 20 millions pour une durée de 15 ans (2007-2022) avec un taux abaissé à 2,63 %. L’affaire est dans le sac. La Ville économise CHF 112’000.- chaque année ! La manœuvre est somptueuse et le fin stratège s’en va distiller son talent au château.
Hélas, il faut bien se rendre à l’évidence : dans « Oui-oui chez les banquiers » c’est rarement le héros qui gagne. Les banquiers ont pour métier de faire de l’argent avec de l’argent. C’est leur profession à plein temps. Ceux de la Depfa ne dérogent pas à la règle. Ils n’ont accepté de refondre ces deux emprunts à un taux inférieur que pour la moitié de la durée du prêt. [1]
Pour la seconde moitié, ils ont concocté un taux d’intérêt avec une formule alambiquée où il est question du cours de l’Euro et du chiffre 45 (l’âge du capitaine ?). Plus l’Euro baisse, plus le taux monte. Pour la première année au taux aléatoire, celui-ci avoisine 20 % ! Et voilà que tous les gains réalisés entre 2007 et 2014 s’évanouissent. Les CHF 784’000.- économisés ne font guère le poids face au surcoût de CHF 3’362’000.- pour la seule année 2014-2015. [2]
La Ville se retrouve la gueule dans la sciure, l’acrobate-voltigeur étant parti sans laisser le filet. Et à la Depfa, on se bidonne à chaque afterwork en se racontant celle du mec qui vient de La Chaux-de-Fonds…
Pour se sortir de cette entourloupe à pied-nickelé ? Il semble qu’il n’y ait qu’une seule option : tourner nos petits yeux ébaubis vers le Conseil d’État pour lui demander si oui ou non un Conseiller communal engage sa Ville lorsqu’il signe un emprunt à un taux aléatoire et sans plafond.
Mais si quelqu’un a une autre idée…

Karim Boukhris

[1Le premier a été conclu en 2003 à un taux de 3,09 % et à rembourser en 2011. Le second allait de 2005 à 2015, à un taux de 3,29 %.

[2Toutes choses étant égales par ailleurs, cet emprunt coûtera à La Chaux-de-Fonds presque CHF 4’000’000.- chaque année jusqu’en 2022 !!!

POP neuchâtelois  |   Dernière mise à jour: le 15 mars 2018

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