Sur les déclarations de guerre à l’encontre de DAECH, on ne peut que douter de l’honnêteté d’Erdogan, qui encourage depuis 2011 les composantes « islamistes » de l’opposition syrienne et qui a volontairement laissé transiter sur le territoire turc des volontaires souhaitant aller grossir les rangs des organisations terroristes. Certes, la situation a évolué. Cette politique vis-à-vis du conflit syrien ainsi que l’immense répression qui s’abat depuis des années sur l’opposition en Turquie et qui s’est accentuée depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet a fait perdre beaucoup de soutien à Erdogan sur la scène internationale. Si bien que son gouvernement se montre aujourd’hui plus conciliant vis-à-vis de la Russie et de la Syrie, ce qui explique probablement le changement de ton à l’égard de DAECH.
Toujours est-il que l’ennemi principal d’Erdogan en Syrie reste le PYD ainsi que sa branche armée l’YPG, qui mènent pourtant une lutte exemplaire pour libérer leur région de l’emprise de DAECH. Dimanche dernier, les intenses bombardements turcs dans le nord de la Syrie ont tué 25 membres du PKK et du PYD, ainsi que plusieurs dizaines de civils.
Politiques anti-démocratiques, guerre sale contre les Kurdes, implication dans le conflit syrien : tout cela ne semble pourtant pas déranger notre Conseil fédéral, qui n’a toujours pas renoncé à ses négociations avec Ankara en vue d’un accord de réadmission Suisse-Turquie.
Denis de la Reussille