Il est bien évident que cette somme inouïe, incommensurable n’existe pas en espèces sonnantes et trébuchantes. Il s’agit plutôt d’une nébuleuse incontrôlable de produits spéculatifs sur les fluctuations de prix, dont la régulation est plus que douteuse ! Cette finance virtuelle, qui n’a plus rien à voir avec l’économie réelle, constitue une véritable bombe à retardement.
Tant que la conjoncture est bonne, les spéculateurs peuvent s’enrichir à volonté, mais dès que les affaires se gâtent, il appartient aux Etats de payer les pots cassés pour sauver le système, ainsi que les fortunes des plus nantis, en renflouant les banques et autres assureurs (AIG par exemple). Ensuite, les Etats s’étant endettés en conséquence, c’est aux peuples que revient le « privilège » de consentir les « sacrifices nécessaires » pour redresser la situation ! Selon la vieille formule consacrée, toujours d’actualité, il suffit de privatiser les gains et de nationaliser les pertes … Le pire, c’est que, pour le moment, ça marche, même quand les gouvernements sont socialistes ! Le financier milliardaire américain Warren Buffett n’a-t-il pas déclaré : « Il y a une guerre des classes et c’est ma classe qui est en train de la gagner … »
Selon le magazine Forbes, la fortune des 400 Américains les plus riches a passé, en 2011, de 1’500 milliards à 1’700 milliards de dollars, soit une hausse de 13% ou en moyenne de 500 millions par personne … Voilà un bel exemple de « salaire au mérite » réalisé en pleine période de chômage pour des millions de salariés !
On ne le dénoncera jamais assez ! La crise actuelle est due à la confiscation de la fortune mondiale par une nouvelle aristocratie de l’argent, très minoritaire, qui s’enrichit démesurément grâce à la spéculation, à « l’optimisation » fiscale, aux stock options, aux bonus, aux marges de bénéfice indécentes et aux salaires faramineux, etc., provoquant ainsi l’appauvrissement du reste de la population dont le pouvoir d’achat diminue sans cesse. Les classes moyennes se paupérisent et les pauvres deviennent encore plus pauvres ! Dès lors, la question qui se pose désormais est de savoir jusqu’à quand les peuples vont continuer d’accepter le joug du néolibéralisme et de ses acolytes, les marchés financiers sauvages, destructeurs de cet Etat social qui était l’héritage d’un siècle de luttes politiques et syndicales …
Henri von Kaenel


