Le NON a mis en péril ce qui était en train de se construire au niveau du canton. Un projet d’amélioration de la cohésion cantonale, le Réseau Urbain Neuchâtelois (RUN), qui se construit depuis 10 ans ! Ce projet devait permettre le développement d’une agglomération des Montagnes et d’une agglomération du Littoral selon un concept novateur reconnu par la Confédération. Deux pôles d’égale importance auxquels toutes les régions étaient reliées. Les régions y ont travaillé, elles ont signé des accords de collaboration, personne n’était laissé pour compte. C’est de ce travail que sont nées les nouvelles communes de Val-de-Ruz et de Val-de-Travers. Ce projet impliquait des liaisons performantes. Depuis le début, le Transrun en était la colonne vertébrale et les dessertes RER, les voies de liaison vers les régions. Personne n’aurait donc dû être surpris de voir le projet chiffré présenté à l’aval de la population.
Et pourtant… Il y a eu un problème de confiance de la part des régions. Pour le Val-de-Travers et le Littoral, le manque de confiance ne s’explique pas car les dessertes étaient définies par le projet et clairement meilleures qu’aujourd’hui. Pour le Val-de-Ruz, le projet était moins précis, insuffisamment précis en fait. Il est dommage que le projet n’ait pas été complètement développé avant sa présentation à l’aval populaire.
Le NON constitue donc beaucoup plus que le refus du Transrun : c’est l’échec d’un travail de réunion cantonal, c’est l’éclatement du canton, le retour aux antinomies grandes villes contre régions, villes contre campagne, régions contre régions.
Nous avons raté la chance de donner à certaines personnes la possibilité de prendre le train plutôt que la voiture. Les routes et les villes du canton risquent d’être encore plus saturées par le trafic.
Le NON signifie la perte d’une dynamique porteuse d’avenir, réparatrice des inégalités existantes.
Il en va maintenant du devoir de tout le canton de se remettre au travail pour empêcher la désagrégation des relations intra cantonales. Il doit y avoir une réponse « transports publics » performants dans le sens de réunir à nouveau les régions qui forment le canton de Neuchâtel.
Le canton s’est affaibli à l’intérieur, mais aussi face à ses voisins et à la Confédération : Perte des subventions confédérales pour les agglomérations puisque le concept d’agglomération saute avec le refus du Transrun-RER. Toute autre solution se fera très probablement à nos frais.
Perte de crédibilité par rapport à la France. Le TGV Rhin-Rhône et la liaison Besançon-Paris passent à nos portes. Encore faut-il pouvoir les rejoindre…
Impossibilité de développer la ligne du pied du Jura à cause du goulet de Vausseyon, ligne qui risque d’être toujours plus négligée par les CFF et qui est notre liaison avec le réseau suisse et la France par Pontarlier.
Les régions qui ont fait le choix de développer des réseaux ferroviaires performants ont connu un important essor et ne comprennent pas la position de Neuchâtel car le refus du RER va accentuer les écarts avec des régions comme Fribourg par exemple.
Qui perd gagne ? Tout le monde perd ! Les Montagnes bien sûr perdent les premières. Mais les gens des vallées et du Littoral qui ont cru qu’ils risquaient d’être prétérités en cas d’acceptation du projet seront pénalisés par leur propre refus.
Et le Conseil d’Etat dans tout ça ?
Il s’est battu pour ce projet, très fort, mais trop tard. Il a de plus compliqué la lecture de la population par diverses prises de position, déclarations alarmistes et attitudes politiques ambiguës :
1. Il y a 10 ans que le Conseil d’Etat alarme la population en parlant des dépenses « pharaoniques » du canton, de sa dette exorbitante, de ses budgets anxiogènes, même si les comptes sont plutôt bons année après année. Et soudain, il présente un projet impliquant des dépenses très importantes.
2. Pendant la même période, c’est-à-dire pendant la concrétisation progressive du Réseau Urbain Neuchâtelois (RUN), il n’a pas manifesté un enthousiasme collectif très convaincant. Le projet a surtout été porté par un homme et ses services.
3. Quand le projet était sur les rails, il s’est retiré… Désintéressé ? Peut-être pas, mais comment comprendre ce qu’il a voulu dire…
4. Pendant cette même période, le Conseil d’Etat a pris toute une série de décisions qui ont accentué les déséquilibres entre régions et partant, la perplexité de la population à qui le RUN demandait de se rassembler : fermeture d’écoles dans le Val-de-Travers, transfert d’écoles à Neuchâtel depuis la Chaux-de-Fonds et Le Locle, démantèlement du Conservatoire avec transfert de la partie professionnelle et de ses pianos, démantèlement systématique de l’hôpital de la Chaux-de-Fonds et surtout refus de respecter la Loi sur l’Etablissement Hospitalier Multisite (LEHM) qui prévoit deux sites d’égale importance, toutes décisions impliquant des investissements en Ville de Neuchâtel (le Campus de la Gare – de la Gare, vous avez bien lu, le renforcement du Nouvel Hôpital Portales (NHP), etc.) et des déplacements nocifs pour les populations du Val-de-Travers et des Montagnes où il y avait auparavant respectivement un lycée et un hôpital, un vrai, un conservatoire avec une section pro, une école d’ingénieurs, une Haute Ecole Spécialisée (HES Santé), etc.
Le vote du Transrun était aussi compris comme un retour vers plus d’équilibre cantonal.
Croyez-vous vraiment qu’avec ce résultat les Montagnes imaginent que le Littoral va concéder le déplacement dans l’autre sens du moindre service, de la moindre mission sanitaire ? Allons donc.
Se remettre au travail est donc objectivement urgent pour tous les habitants du canton qui ne souhaitent ni être égoïstes, ni être abandonnants ou abandonnés, ni perdre leurs liaisons internes et externes. Pour le bien de tous, mettons-nous au travail.
Secrétariat cantonal du POP neuchâtelois