Dans son allocution, Jean-Pierre Veya, le nouveau président, a rappelé l’innovation marquante de ces dernières élections communales dans le canton de Neuchâtel. « Elles sont les premières oú des citoyens de notre communauté, qui ne sont pas au bénéfice d’un passeport suisse, ont pu y participer pleinement. Cette juste et nécessaire évolution de nos droits démocratiques permet d’élargir la représentativité des autorités, même si cet élargissement s’avère aujourd’hui encore trop modeste. Ces citoyennes et citoyens, qui ont les mêmes devoirs que les autres, bénéficient enfin des même droits politiques, du moins sur le plan communal ». Il salue en particulier Esma Aris, première et seule élue de nationalité étrangère à siéger au sein du législatif de La Chaux-de-Fonds.
Dépasser les méfiances
Il en profite encore pour rappeler les votations du 1er juin à propos de la naturalisation. « L’expression du droit démocratique ne doit jamais, par quelque artifice que ce soit, ouvrir la porte à l’arbitraire. Pour que la démocratie fonctionne correctement, il est nécessaire que le corps électoral puisse se prononcer en connaissance de cause sur les objets qui lui sont soumis. La seule identité et le pays d’origine d’un demandeur ne constituent pas des éléments objectifs suffisants pour décider du sort réservé à une demande de naturalisation. Les « a priori », les méfiances, les peurs, n’ont jamais permis, et ne permettront jamais, aux sociétés humaines d’avancer, de construire des modes de vie collectifs dignes, soucieux de chacun de ses membres ».
Une vie digne pour tous
Françis Stähli, le doyen d’âge du parlement local (il commence sa 25ème année de membre du législatif), met en évidence quelques principes qui lui tiennent à cœur. Il rappelle que « ce parlement verra, par l’intermédiaire des différentes tendances politiques qui le constituent, se dérouler des débats argumentés dont le rôle est d’élaborer ensemble des décisions. Ces décisions vont ensuite conduire à des réalisations, lesquelles permettront que se constituent notre ville et son développement.
Il termine son message en précisant que « le champ politique doit avoir comme vrai sens la mise en place des conditions qui permettent à chaque être humain de vivre tout simplement une vie digne d’un être humain. Et chacun le sait : premièrement, l’Homme a besoin de pain (c’est une image), et c’est pourquoi les infrastructures matérielles au sens large du terme sont d’une très grande importance. Secondement, il ne vit pas que de pain, et c’est pourquoi les offres spirituelles et culturelles le sont tout autant, sans oublier les fêtes et occasions de se rencontrer.
A la Chaux-de-Fonds, tout n’est certes pas parfait, ce n’est pas « la ville idéale » - d’ailleurs peut-il en exister une ? - mais c’est une ville qui a un idéal, l’idéal humaniste, lequel préside à la démocratie et la fonde, lui donnant son esprit ».
Aussi Françis Stähli concluera son intervention en appelant « à ce regard qui consiste à s’élever, à dépasser les ornières, les barrières plus ou moins réelles ou artificielles, et à voir notre cité comme une cité oú, dans leur diversité, ne vivent que des hommes, des femmes, et de magnifiques enfants ».
Alain Bringolf
Texte paru dans le Gauchebdo No 22 du 30 mai 2008