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 Louis Sidler (1918-2014)

mercredi 5 mars 2014


Il y a des hommes qui luttent un jour et qui sont bons.
Il y en a d’autres qui luttent un an et qui sont meilleurs.
Il y en a qui luttent des années et qui sont excellents.
Et il y a ceux qui luttent toute une vie, ceux-là sont indispensables.

B.Brecht

Cette citation semble bien convenir à Louis Sidler. Jusqu’aux derniers jours de sa vie, à 95 ans, il a dénoncé les contradictions existant entre les riches et les pauvres.
Cet engagement populaire restera dans nos esprits pour ceux qui l’ont connu et peut-être pour ceux qui le découvriront au hasard de quelques chroniques.

Neuchâtel était resté viscéralement au cœur de Louis, entre la chair et l’os, pour reprendre une expression de Félix Leclerc. Dans son canton, il se sentait à l’aise. C’était son monde, celui des ouvriers d’usine, des vendeuses et des humbles.

Secrétaire cantonal du POP depuis 1958, jusqu’à son départ pour conduire le journal romand du parti, la Voix Ouvrière, ancêtre de Gauchebdo, Louis n’a cessé d’instruire. Il voulait que chacun comprenne la réalité du monde du travail avec ses contradictions.

C’est à force de courage et de ténacité qu’il avait franchit une à une les étapes qui lui ont permis de passer de son métier de boulanger à celui de secrétaire politique et d’élu. Sa constante curiosité pour mieux comprendre les distorsions du monde et son attachement aux « petites gens », lui permettait d’exprimer avec simplicité des réflexions d’une grande profondeur, comme lorsqu’il me disait il y a peu : les croyants s’empêchent de réfléchir.

La récente création d’un Fonds Louis Sidler à la bibliothèque de la Chaux-de-Fonds a répondu à son attente puisque désormais, ses nombreuses fiches sont conservées et démontreront pour l’histoire l’absurdité du contrôle étatique.

Etienne Broillet, son camarade de l’époque, se rappelle. « Avec lui, c’est un très grand pan de mon existence qui s’en va. Durant l’hiver 1953-1954, un dimanche après-midi. Je me suis rendu à La Corbatière où, dans le petit café qui se trouvait au bord de la route, juste sous la petite gare, se tenait une réunion de la section chaux-de-fonnière du POP. Je n’y connaissais personne, et dès l’abord j’ai été reçu par Louis. Nous avons parlé longuement. Il m’a proposé, pour finir, une certain nombre de publications - de Plekanov, entre autres - et c’est la première leçon de marxisme que j’ai reçue : un militant doit lire, se cultiver sans cesse ».

Etienne Broillet affirme que Louis avait acquis une solide culture, et qu’il n’avait jamais cessé de lire, de se renseigner, de se cultiver. « Sur ce point, il pouvait en remontrer à beaucoup "d’intellectuels" et quand il devint secrétaire cantonal, il a veillé à toujours tenir des livres à notre disposition ». Et il y eut tant et tant de circonstances où nous avons milité ensemble, tant d’occasions d’être absolument d’accord, tant d’autres d’être d’un avis contraire et de se le dire sans hésitation. Il me semble toujours que nous étions plus actifs, plus conquérants en ces temps-là, mais peut-être faut-il attribuer cette impression au fait que nous étions plus jeunes ! Le monde semblait être à nous ».

Avec Louis, c’est un militant d’exception qui vient de disparaître et si nous tous, pouvions reprendre une partie de son sens politique et de son énergie, le genre humain pourrait à nouveau avoir un peu d’espoir.

Alain Bringolf

POP neuchâtelois  |   Dernière mise à jour: le 15 mars 2018

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