L’union de la gauche en vue des dernières cantonales avait suscité bien des espoirs. On sait ce qui en est advenu. Certes, au quotidien législatif, les groupes PS et PVS sont le plus souvent sur la même longueur d’onde, des motions et des postulats communs ont pu être élaborés, mais lors de l’acte politique majeur, le vote du budget, qui détermine les fondamentaux de l’année à venir, la distance qui sépare le PS de la gauche réelle a éclaté au grand jour tant en 2013 qu’en 2014.
A chaque fois, le gouvernement à majorité socialiste a fait passer un budget d’austérité au détriment des plus démunis, sans oser toucher, même temporairement, ni aux privilégiés ni aux entreprises. A chaque fois, le groupe socialiste s’est gargarisé de discours critiques musclés pour, in fine, soutenir son gouvernement. Lors du budget 2015, il ne s’est même plus trouvé le moindre député socialiste pour le refuser, les plus téméraires se contentant de s’abstenir.
Dès lors, le POP s’est trouvé, à mi-législature, à la croisée des chemins. Pouvait-il décemment continuer à soutenir un PS happé par la droite, ressemblant de plus en plus à un PDC à la sauce neuchâteloise, ou devait-il tracer une ligne claire entre cette politique et les valeurs de la gauche ? L’assemblée générale a unanimement répondu.
Cette décision des militants est à saluer. Il ne faut pas se leurrer cependant, ce choix aura des conséquences. Dans un premier temps, en effet, il fera le jeu de la droite, qui risque fort d’en profiter aux prochaines cantonales, d’accentuer sa majorité
au Grand Conseil et de récupérer un siège au Conseil d’État. Tant le PS que le POP y laisseront des plumes. Dans le pire des cas, c’est même l’alliance avec les Verts qui pourrait être remise en question – et, avec elle, le groupe PVS au Grand Conseil, ce qui affaiblirait l’influence popiste dans les commissions du législatif, là-même où nous pouvons le mieux infléchir les décisions.
A moyen terme, cependant, la décision de l’assemblée ne peut être que profitable. Le PS doit enfin comprendre qu’il ne peut se réclamer de la gauche tout en menant une politique de centre-droite. Or, tant qu’il peut considérer le groupe PVS comme son arrière-cour assurée, il n’a aucune raison de changer de ligne. L’annonce du non-apparentement pour les prochaines cantonales a le mérite de clarifier les positions et de renvoyer chacun à sa propre responsabilité. Celle du POP sera de continuer plus que jamais d’être une force de proposition alternative. Il continuera à collaborer avec le PS sur des objets spécifiques lorsque ceux-ci répondent aux valeurs de gauche, mais il ne lui servira plus d’appoint pour masquer ses dérives socio-libérales.
Daniel Ziegler