Ainsi plus de mille lycéen-nes ont déposés une pétition pour refuser les mesures d’économie touchant l’enseignement. Une rencontre avec le Conseiller d’Etat responsable de l’enseignement n’a pas suffit a calmer leur réprobation.
Ainsi, les paysans sont fâchés, les professeurs de lycées sont fâchés, les lycéens sont fâchés, les chômeurs sont fâchés, on les comprend.
Pourquoi autant de mécontents dans cette société démocratique « idéale » mais bourgeoise et capitaliste ?
Parce que la logique qui conduit le pays se base sur le dogme capitaliste, le marché dirige tout et que chacun s’y soumette !
Paradoxalement, les paysans sont presque tous des adeptes de la liberté individuelle. Ils renforcent le dogme en votant largement pour les représentants des partis libéral-radical et udc. Or, les règles économiques sont décidées par la majorité libérale et les atteignent de plein fouet à l’image de ce qui se passe dans toute l’Europe.
Les professeurs aussi votent, souvent pour les candidats socialistes. Ils espèrent ainsi assurer leur activité.
Les chômeurs, dans leur grande majorité, ne votent pas. Ils n’en voient pas les raisons puisque de toute façon cela ne change rien, « ils font quand même ce qu’ils veulent ». Leur abstention démontre, consciemment ou inconsciemment, que la bourgeoisie ne se préoccupe d’eux que pour en tirer profits.
Les lycéens ne votent pas encore tous. Ils expriment leur désappointement par une pétition.
Tous ces acteurs de la vie civile défendent leur condition de travail et leur conception de la vie. Ils exigent le maintien des acquis auxquels ils se sont habitués et auxquels ils ont droit.
Mais au-delà de ces diverses manières de se défendre, combien sont-ils pour vouloir changer fondamentalement les règles en vigueur ?
Ces règles qui se trouvent à l’origine des difficultés contre lesquelles ils s’opposent et qui s’appelle le capitalisme.
La défense de sa propre situation constitue un début de prise de conscience. Elle ne suffit pas pour changer l’avenir.
Il faudra bien que se regroupent les paysans, les ouvriers, les professeurs et les étudiants pour qu’ensemble ils ébauchent un nouveau projet de société.
Il devient impératif pour ne pas dire urgent que davantage de citoyennes et de citoyens se rejoignent pour faire changer les choses.
Un autre monde est possible, dit-on, mais il doit encore être construit.
Alain Bringolf
Texte paru dans Gauchebdo