vendredi 14 juin 2013

Les habitants sont attachés à cette place symbolique, haut lieu de réunion populaire, de modernisation et de laïcisme. En effet, le 1er mai 1977 un demi-million de personnes affluèrent vers la place Taksim, juste six ans après le coup d’État sanglant au cours duquel trois étudiants turcs, accusés d’être des ennemis de l’État furent pendus, justement à la place Taksim, sur ordre d’un tribunal militaire. Durant cette année de manifestations, 34 personnes furent tuées sur la même place. Cet événement a marqué toute une génération turque et les conséquences sont encore mesurables.

À chaque premier mai, les émeutes éclatent parce que les manifestants veulent rejoindre la place Taksim. Tous les gouvernements sans exception ont toujours employé des forces extraordinaires pour empêcher les manifestants d’occuper cet espace. La situation est restée la même jusqu’il y a deux ans lorsque le gouvernement a finalement reconnu son erreur et a autorisé les syndicats et les partis de gauche à disposer de la place pour le 1er Mai.

Les manifestants d’aujourd’hui veulent garder cet endroit symbolique et empêcher les constructions prévues en lieu et place des espaces publics. Il y a deux mois, des affrontements ont éclaté entre des cinéastes- qui voulaient sauver un célèbre cinéma Emek condamné à devenir lui aussi un énième centre commercial- et la police qui a déployé les gaz et les canons à eau.

Le soulèvement contre Erdogan est nourri aussi par un insidieux conservatisme socialpoussé par le gouvernement en vue de cultiver sa base. Ces politiques conservatrices se sont manifestées dans différents domaines : accès coupés à des cliniques d’avortement, contrôle plus strict sur Internet et les communications, restrictions et taxes sur la consommation d’alcool et amplification des vacances islamiques parrainées par l’État.

Ces projets provoquent la colère des habitants, dont beaucoup de jeunes, qui manifestent pacifiquement leur opposition. La police déclenche une violente répression et procède à des centaines d’arrestations. Ces mesures attisent et élargissent le mécontentement des habitants. A partir de ce qui aurait pu n’être qu’un problème local, les manifestations s’étendent à tout le pays. Chaque milieu ayant subi des mesures de contraintes par le gouvernement manifeste et prend part à la coalition d’opposition.

A la suite de son projet urbanistique, Erdogan a réussi à regrouper contre lui tous les milieux du pays opposés à son autoritarisme ! Nous exprimons notre solidarité avec le peuple turc.

Un stand d’information et de solidarité avec le peuple de Turquie sera tenu à Espacité à La Chaux-de-Fonds le samedi 15 juin de 14h00 à 16h00.