Même si ces républiques bananières sont parvenues au stade premier de la démocratie capitaliste, avec un système judiciaire, un parlement et un président élu « démocratiquement », les seigneurs règnent, ils continuent à défendre leurs plantations de bananes et leurs affaires. Personne n’oserait penser que la Suisse, modèle de démocratie occidentale puisse être comparée avec ces régimes de pacotille qui n’ont rien à voir avec la forme la plus avancée de la démocratie et de la culture occidentale, celle de la démocratie directe et de la défense des droits humains.
Cependant, la gestion actuelle de l’assurance maladie dans notre pays nous laisse un sentiment de malaise… le sentiment d’être gouvernés par des seigneurs. Un observateur extérieur imaginerait certainement que le parlement suisse défend les intérêts généraux de la population dans un cadre politique qui favorise le jeu interpartis et la pratique démocratique. Or c’est là que commence le problème parce que, en réalité, la majorité des conseillers nationaux et des conseillers aux Etats sont les représentants d’intérêts très spécifiques et oublient généralement l’intérêt public. Derrière les appartenances politiques se cachent les vrais intérêts : banque, commerce, industrie, secteur immobilier et aussi le secteur de l’assurance maladie.
Même si nos parlementaires sont élus par une frange importante de la population (48.5% en 2011), l’abstention de plus de 50% nous indique la faiblesse de la démocratie suisse et un manque relative de légitimité du système représentatif. La droite (UDC, PLR, PDC, Verts-Libéraux, PBD, PE, Lega et UDF) qui est clairement opposée aux intérêts des plus démunis, par sa politique sociale, économique et migratoire, représente le 70% du parlement. En conséquence, c’est cette droite qui prend les décisions fondamentales à l’assemblée fédérale suisse ; il est vrai que dans le jeu politique les partis dits de gauche peuvent se contenter de quelques miettes… de petites choses, mais vraiment rien d’important. On a pu le constater au moment du débat sur le salaire minimum !
Heureusement que la banane ne pousse pas sur nos terres, car on serait alors aussi contraint de voir le lobby bananier se promener dans la salle des pas perdus. Pour le moment, on doit se contenter de repérer les agissements du lobby de la santé et de ses employé-e-s au parlement. Citons-en une petite partie : Toni Bortoluzzi (UDC), Ignazio Cassis (PLR), Thomas de Courten (UDC), Roland Eberle (UDC), Felix Gutzwiller (PLR), Lorenz Hess (PBD), Ruth Humbel (PE), Karin Keller-Sutter (PLR), Margrit Kessler (Verts-libéraux), Alex Kuprecht (UDC), Isabelle Moret (PLR), Guy Parmelin (UDC), Barbara Schmid-Federer (PDC), Urs Schwaller (PDC), Philipp Stähelin (PDC), etc., etc.
En somme, notre république malgré toutes ces avancées en matière démocratique, n’est pas si éloignée de certains pays que nous méprisons parce que la raison d’Etat n’y existe pas et l’intérêt public non plus. Certes aujourd’hui on ne prend pas les décisions dans la salle du seigneur, mais bien dans le cadre sophistiqué des invitations et des offres séduisantes des lobbyistes. Le prétexte des enjeux financiers et vitaux est toujours l’argument fourni par ces groupes de pression. La conséquence de ces dérapages est que le débat parlementaire est en train de mourir. L’importance fondamentale des lobbys parlementaires en Suisse devient odieuse et accablante.
Nos contradicteurs peuvent dire que le peuple s’exprime plusieurs fois par année dans le cadre de la démocratie directe et que lors de plusieurs votations décisives les Suisses ont penché du côté de la droite. Ce fut le cas en 2007 à propos de la caisse maladie unique et sociale rejetée par le peuple. Le problème, à notre avis, est que la force médiatique du lobbying est démesurée et, en conséquence, le vote populaire est faussé par des informations manipulées, par le chantage à propos des conséquences économiques d’une telle décision et par la peur. Heureusement nous ne sommes pas dans une république bananière et l’appel au vote populaire est toujours une planche de salut.
Le cas de l’assurance-maladie s’inscrit dans le cadre décrit. Les intérêts privés autour des prestations du service de la santé s’opposent de toutes leurs forces à résoudre la contradiction qui existe entre le financement obligatoire de la LaMal, responsabilité de tous et toutes, et les bénéfices privatisés en faveur des assureurs-maladie. N’oublions pas que de 1996 à 2012, les assuré-e-s de certains cantons, dont celui de Neuchâtel, ont payé indûment plus de 1,7 milliard de francs et que la majorité de droite et les lobbyistes du parlement rechignent à restituer ne serait-ce qu’une partie de cette somme aux assuré-e-s concerné-e-s. Le principe social et solidaire de la LaMal s’est perdu dans les chemins scabreux de l’économie de marché et d’une concurrence qui obéit à la pensée unique néolibérale à la mode.
Pourtant la question concrète reste toujours la même : pourquoi chaque année le montant des bulletins de versement de la LaMal ne cesse d’augmenter et dans le même temps les assureurs-maladie affichent des bénéfices indécents ? Il y a quelque chose qui ne joue pas !
Le 28 septembre votons contre les pourfendeurs d’une véritable assurance-maladie et contre le lobbying de la santé qui profitent du travail de tous les Suisses.
Secrétariat cantonal