Tous ces problèmes demandent des réponses multifactorielles et des efforts soutenus dans la durée : diversifier notre économie, renforcer l’économie de proximité et les services tout en maintenant nos atouts industriels, favoriser les activités à haute valeur ajoutée, augmenter les salaires, réduire l’exclusion professionnelle et sociale, attirer les familles et une classe moyenne supérieure dans le canton.
Pour la droite, une seule solution, magique – on l’a encore vu avec le billet d’Andreas Jurt dans l’Express la semaine dernière - : baisser les impôts. Ce qui est plus inquiétant encore, c’est de voir le Conseil d’Etat s’enferrer dans cette même illusion : il faut économiser, couper, réduire les prestations pour renforcer l’attractivité du canton. Quelle vision réductrice, étriquée !
Et si l’on inversait la perspective ? Si Neuchâtel devenait attractif par la qualité de ses prestations, de ses services publics, de ses écoles, de ses institutions, de son accueil des familles et des entreprises ? Ce n’est pas forcément une question de coûts mais d’inventivité, d’écoute, d’orientation client. Et finalement, l’important, ce n’est pas tant le coût, la charge fiscale, tant qu’elle demeure supportable, mais c’est ce qu’on reçoit en retour. Cette classe moyenne supérieure, ces familles, que nous cherchons à retenir, voire à attirer ici, ne se contentent pas, à ce que je sache, – ni vous non plus d’ailleurs– de faire leurs courses chez Liddel !
Ce que vous êtes en train de faire aujourd’hui, la droite par ses exigences continues de baisses fiscales, le Conseil d’Etat par ses coupes répétées, que ce soit dans ce budget comme dans les précédents, ou dans son programme de législature, c’est, par la réduction systématique des prestations, de réduire l’attrait du canton. Nous payerons peut-être demain les mêmes impôts que les Vaudois ou les Fribourgeois, mais la qualité de vie dans ce canton, l’offre sociale, scolaire, culturelle, ce qui fait qu’il y fait bon vivre, sera réduite – et vous n’attirerez plus personne.
Vous l’aurez compris : le budget 2018 présenté par le Conseil d’Etat, comme le programme de législature dans lequel il s’inscrit, ne nous satisfait pas, ni dans ses chiffres ni dans son esprit. Nous voterons l’entrée en matière pour pouvoir le discuter, mais nous le refuserons en l’état. Le projet amendé par la commission des finances pourrait par contre trouver l’assentiment d’une majorité d’entre nous, mais cela, c’est pour le 19 décembre.
Je vous remercie pour votre attention.
Daniel Ziegler