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 HNE, les intentions se concrétisent

Le Conseil d’Etat met en consultation sa conception centralisée de l’hôpital et de la santé pour le canton

jeudi 21 avril 2016


Le Conseil d’Etat met en consultation ses choix concernant le futur hôpital neuchâtelois (HNE). Sans surprise, ce qui était présumé depuis des années se concrétise avec à Neuchâtel le site unique de l’hôpital de soins aigus accompagné d’un agrandissement (65 millions) et pour La Chaux-de-Fonds un établissement de réadaptation à construire !! (175 millions).

Pour amadouer les habitants, trois polycliniques améliorées sont prévues au Val–de-Travers, à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds. En première réaction, les villes du Haut estiment que ce projet ne répond pas du tout aux souhaits et exigences des autorités des Montagnes et se réservent l’examen approfondi de l’étude avant de faire connaître leur position.

De son côté, le groupe interpartis de La Chaux-de-Fonds estime que l’étude n’a pris en compte qu’un seul site de soins aigus et négligé les autres possibilités. Théo Bregnard, co-président du groupe interpartis continue de penser que deux hôpitaux de soins aigus sont possibles en respectant les exigences de la Confédération comme le propose l’initiative en cours.

Dans la présentation du dossier, le Conseil d’Etat prétend que l’étude se « distingue par son approche multidimensionnelle et par son caractère participatif ». Mais il ne dit pas qui y a participé à part les divers partenaires du système sanitaire cantonal, ni s’il y avait des personnes avec un point de vue différent. Le groupe de travail était conduit par un « chef de projet spécialisé ». La presse nous informe qu’il s’agit de Stefan Stefaniak, « actif dans une société de conseil et spécialiste du système introduit en Suisse en 2012 (les forfaits par cas ou SwissDRG) ».

« Un canton, un espace, un hôpital »

Nous observons que l’accent mit sur l’aspect participatif semble se borner à une participation de personnes d’accord avec la conception mercantile actuelle de la santé publique, car elle apparaît dans presque toutes les observations et propositions. Pour le gouvernement, les études ont intégré l’influence qu’exerce l’HNE, plus grand employeur du canton, et qui s’exprime d’abord sur le plan économique, puis sur le plan territorial et en troisième position sur l’aspect social. Le Conseil d’Etat s’appuie sur les recommandations des experts pour présenter la logique des trois polycliniques ouvertes 24/24 et 7/7 pour Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, alors que Val-de-Travers n’est pas cité. Avec un aplomb qui ne surprend que les ignorants, il prétend que les études mettent en évidence le besoin de regrouper les activités d’hospitalisation pour la survie d’HNE. Une journaliste de la TSR demandait à Laurent Kurth, au vu de l’état des finances du canton de Neuchâtel, s’il n’était pas surréaliste d’envisager les investissements de 240 millions pour la totalité de l’opération. Oui, a-t-il répondu, du point de vue financier, mais ce n’est pas cet aspect qui a conduit l’étude. Or, le Conseil d’Etat souligne que l’économicité » du projet permet un gain de 12 à 14 millions par année. Plus loin, nous lisons que les choix faits « minimisent les risques de fuite de patients et limitent les déplacements ». Plus loin encore, le gouvernement explique que le scénario d’un site unique au Val-de-Ruz n’a pas été retenu à la suite de « considérations d’ordre économique ». Le projet prévoit la construction d’un nouvel établissement de 214 lits à La Chaux-de-Fonds pour créer le centre de traitement et réadaptation (CTR) en lieu et place de l’actuel hôpital jugé vétuste. Emporté par son élan de concentration le gouvernement envisage d’inclure l’unité de soins palliatifs au sein du nouvel établissement en lui conservant son fonctionnement autonome dit-il ! Par ailleurs, le projet correspond au slogan actuel de l’exécutif, « un canton, un espace, un hôpital ». Mais dans sa présentation, les questions qui préoccupent les usagers, qui sont devenus des clients, ne sont pas abordées. Curieusement, pour le Conseil d’Etat, l’HNE « doit se concevoir comme l’un des piliers du système sanitaire, et à la fois répartir son activité sur le territoire mais être plus concentré dans ses activités ». Pour les « experts », le maintien d’une activité éclatée s’avère impossible, car elle consacrerait le déclin des activités hospitalières et une altération qualitative ainsi que la perte de centaines d’emplois et de dizaines de millions en revenus pour l’économie du canton.
Les questions légitimes que se posent les habitants des Montagnes ne sont pas abordées dans ce texte de présentation générale, peut-être les trouverons-nous dans l’étude, mais leur légitimité demeure. Pourquoi une décision acceptée par le peuple n’est-elle pas exécutée ? Pourquoi des décisions contraires aux décisions susmentionnées sont-elles prises, allant toutes dans le sens du site unique à Neuchâtel ?

Dans sa présentation de cet épineux dossier, la presse neuchâteloise estime, sans rire, que les recommandations du groupe d’étude correspondent aux souhaits émis par l’HNE lui-même ainsi qu’à ceux des opposants des options de l’ancien Conseil d’Etat. Dans une première approche basée sur la lettre d’accompagnement du Conseil d’Etat, cette étude apparaît à qui veut se donner la peine de lire entre les lignes et examiner la réalité du terrain, comme réalisée pour donner raison à ceux qui depuis des années luttent pour tout ramener à Neuchâtel. Le bras de fer risque bien de s’engager, et nous reviendrons sur ce difficile dossier en vous présentant les prises de position de la consultation qui s’achève à mi-mai.

Alain Bringolf

POP neuchâtelois  |   Dernière mise à jour: le 15 mars 2018

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