Les citoyennes et citoyens viennent de recevoir dans leurs boîtes à lettres le matériel de vote. La date fatidique pour le renouvellement des autorités politiques cantonales est fixée au 5 avril. La campagne est entrée dans la phase de démonstration publique des différents programmes et surtout des différents candidats.
Depuis quatre ans, la gauche détient une toute petite majorité au Parlement, 58 sièges contre 57, et au gouvernement. La gauche de pouvoir, les socialistes, en occupe 41, la gauche de transformation sociale 17.
Difficile de faire des pronostics. La droite veut retrouver son ancienne majorité. La fusion libérale-radicale le permettra-t-elle ? « Ensemble changeons », dit leur slogan électoral. Pourtant, ils ne sont pas ensemble pour la course au Conseil d’Etat. Chaque candidat fait sa campagne, apporte son argent et ses supporters. Quelques bisbilles ont fait du bruit dans les chaumières. Une manière d’exprimer l’idée que chez les libéraux-radicaux l’individu prime sur la société.
L’UDC soucieuse de l’élimination du bétail
L’UDC pourra-t-elle maintenir ses 17 sièges conquis il y a quatre ans ? Rien n’est moins sûr. Les propos se sont un peu ramollis et l’observateur attentif aura découvert durant la législature qui s’achève que les coups de gueule ne suffisent pas à améliorer la situation sociale du canton. Parmi ses diverses propositions durant la législature, soulignons celle qui proposait des mesures d’économie. Comme par exemple, la suppression des bureaux des étrangers, de l’égalité et de la famille, de la revalorisation automatique des salaires, de l’indexation automatique des retraites, des allocations familiales complémentaires allouées au personnel des homes, ou encore son refus d’allouer 170’000 francs pour l’instauration d’un service d’aide à la jeunesse. Ce qui n’empêche pas cette formation de proposer 300’000 francs d’indemnités aux paysans pour l’élimination du bétail.
Pour les socialistes, la conduite à la hussarde du canton par le chef des Finances, Jean Studer, avec l’application du frein aux dépenses comme outil fondamental, a fait des dégâts à l’interne comme à l’externe. Quelles traces laissera-t-elle ?
Les Verts seront peut-être ceux qui s’en sortiront le mieux. Une politique écologiste ne cédant rien à l’électoralisme et une sensibilité sociale en progression devraient les rendre consommables. Mais quel sera le résultat de leur ministre ? Fernand Cuche a déçu une partie de ses admirateurs. Peu à l’aise dans son rôle gouvernemental, il a été au service de ses dossiers plutôt qu’au service de la population. Impossible de dire si cela aura une conséquence sur l’élection des listes vertes au Grand conseil.
Pour le POP, l’accord trouvé avec solidaritéS devrait pouvoir permettre un rassemblement des sensibilités les plus franches en direction du changement de direction politique. En pleine crise, la volonté exprimée de faire demi-tour, saura-t-elle convaincre l’électorat ?
En tout cas, les tous ménages popistes ne laissent pas indifférent les personnes sensibles à l’engagement des candidats de construire une société plus humaine plutôt que soumise aux pouvoirs égoïstes des milieux financiers et économiques. Quoi qu’il en soit, les quatre formations de gauche sont apparentées pour ne perdre aucune voix. Les débats en cours permettront encore de préciser quelques intentions. Mais le travail à faire maintenant va auprès des proches, des collègues de travail et des connaissances au sein des sociétés civiles. Un travail de l’ombre, mais nécessaire pour expliquer ce qui ne peut pas être dit en 2 minutes dans un débat limiter à 30 minutes et regroupant sept ou huit candidats !
Alain Bringolf
Source : Gauchebdo