En effet, souhaitant réduire les coûts de l’hôpital, certains décideurs convaincus que le privé se montre toujours plus innovant et moins cher ont proposé de supprimer la buanderie de l’hôpital et de confier le traitement du linge à une entreprise privée créée pour l’occasion. On lui confierait aussi le linge des EMS. Rappelons que cette création n’a pas été sans quelques suppressions d’emplois et que si le privé fait moins cher, c’est souvent parce qu’il offre de moins bonnes conditions pour les emplois qu’on dit "peu qualifiés" (salaire plus bas, travail sur appel, etc.). Mais bref. Après une première période d’activité, le moment est venu de renouveler le contrat entre les collectivités publiques et Blanchâtel. Mais voilà : alors que le travail de Blanchâtel donne satisfaction, la loi sur les marchés publics oblige à mettre l’entreprise en concurrence. Et là, on ne maîtrise plus rien : si une entreprise à Lausanne ou à Munich fait une offre meilleure marché répondant au cahier des charges, il faudra lui donner le contrat. Et c’est probable, car une entreprise lointaine qui décide de soumissionner voudra sans doute mettre toutes les chances de son côté pour décrocher le mandat et fera pour cela une offre en-dessous du prix de rentabilité normale. La conséquence prévisible : de nouveaux chômeurs dans le canton et une hausse des transports car le linge devra voyager loin pour être lavé. Parmi le personnel de Blanchâtel, on trouve beaucoup de travailleurs - et surtout de travailleuses - âgés et très spécialisés. Leurs chances de retrouver un emploi sont simples à évaluer. Beaucoup risquent bien de faire leurs 18 mois de chômage avant de se retrouver en fin de droit et d’arriver aux services sociaux jusqu’à la retraite, si ils n’y arrivent pas plus vite car leurs indemnités de chômage ne couvriront pas le minimum vital. On vous explique qui paiera la facture ? Et pour boucler la boucle : finir sa vie professionnelle de cette manière pourrait bien leur tomber sur le moral, même chose pour les cadres de Blanchâtel qui ont fait leur boulot et se retrouveront bien mal récompensés de leurs efforts pour faire tourner cette entreprise. Certains pourraient alors développer quelques maladies psychosomatiques qui les conduiront tout droit… à l’hôpital !
Au final donc des belles économies sur la buanderie : une hausse du chômage et de l’aide sociale, une hausse probable des coûts de la santé, plus de camions sur les routes, et des vies cabossées. Belle victoire des politiques de droite ! Le POP ne peut naturellement pas se réjouir d’un tel bilan. Il continuera à défendre un service public fort et l’utilisation des compétences locales chaque fois qu’elles répondent correctement aux besoins. Il attend du Conseil d’État qu’il pèse de tout son poids pour éviter une telle aberration.
Parti ouvrier et Populaire, 30 janvier 2014


