Des projets d’installations d’éoliennes ont relancé une vaste contradiction populaire entre les partisans favorables à trouver d’autres sources d’énergie renouvelable et les défenseurs des sites naturels. L’initiative "Avenir des Crêtes : au peuple de décider !", déposée en février 2011 a concrétisé cette défense des crêtes par un texte : « Les crêtes du Jura neuchâtelois représentent un patrimoine cantonal unique, protégé par le Décret concernant la protection des sites naturels du canton, du 14 février 1966. Afin de préserver ce patrimoine, les signataires de la présente initiative législative cantonale demandent,(…) que dans la zone de crêtes et forêts(…), le canton détermine le nombre, les dimensions et les emplacements de l’ensemble des éoliennes, ainsi que de toute autre construction ou installation de même importance ou de même nature (par exemple antennes de téléphonie), dans un plan d’affectation spécial de niveau cantonal, soumis à un référendum populaire obligatoire. Toute construction ultérieure du même type nécessitera une modification du plan d’affectation spécial, selon la même procédure ».
Le Conseil d’État lui oppose un contre-projet adopté par le parlement. Il modifie un article du décret pour y apporter des précisions liées à l’énergie en voulant un « approvisionnement en eau et en énergie suffisant, diversifié, sûr et économique, la gestion parcimonieuse des ressources non renouvelables en favorisant les économies d’énergie, ainsi que l’encouragement à l’utilisation des ressources indigènes et renouvelables ». Il ajoute un nouvel article lié aux éoliennes. « L’implantation d’éoliennes est autorisée dans un maximum de cinq sites. La loi définit les sites et fixe le nombre maximum d’éoliennes par site ». Cette proposition évite de passer devant le peuple puisque celui-ci se prononcera sur les règles générales. Ce choix semble éviter des décisions pouvant être émotionnelles selon les endroits concernés.
Le comité cantonal du POP a arrêté sa position. Il s’opposera à l’initiative et soutiendra le contre-projet. La société industrielle se montre de plus en plus gourmande en énergie et La Suisse s’engage dans la sortie de l’énergie nucléaire. Face à ces réalités, le POP a un discours clair et cohérent. Pour lui, il s’agit de s’activer dans la recherche des économies d’énergie, seul moyen efficace pour réduire voir éviter toute nuisance majeure. Mais cet objectif majeur ne sera possible qu’avec un changement profond de nos comportements. Ce changement ne pourra s’envisager qu’avec un remodelage en profondeur de notre mode de vie et en redéfinissant notre notion du « Bien-être ».
Dans l’intervalle, qui sera long, il s’agit de faire des choix. Pour les popistes, les éoliennes représentent une alternative momentanée acceptable dans son principe. Ils savent bien que derrière les implantations d’éoliennes se cachent des intérêts financiers, cependant, il ne sera pas possible, en même temps, de réduire notre emprise énergétique et de changer la société pour que les intérêts privés ne soient plus maîtres des décisions.