Au 20e siècle, l’horlogerie a été sauvée par une politique interventionnisme et dirigiste sans précédente de la part de la Confédération et des collectivités publiques. Participation publique au capital des sociétés, prêts et subventions, légalisation du Cartel et du statut horloger, présence des pouvoirs publics au sein des Conseils d’administration des entreprises, l’État fédéral a maintenu artificiellement ce secteur face à la concurrence mondiale et contre le dogme du libéralisme.
Certains secteurs, tels que les Fabriques d’assortiment réunies [F.A.R], ont bénéficié d’un positionnement quasi monopolistique, avec pour la petite histoire des représentants du mouvement ouvrier, imposé par la Confédération, au sein de leur Conseil d’administration. D’autres secteurs n’ont pas eu cette chance, si l’on pense notamment à celui du chocolat (Klaus, Suchard,…), constituant pourtant un marqueur identitaire du pays.
Le processus de libéralisation qui caractérisa malheureusement le dernier tiers du 20e siècle, jugulé à la crise des taux de changes, provoqua, en quelques années, la perte de plus de la moitié des emplois horlogers en Suisse.
Vous l’aurez compris : Après avoir vécu et survécu grâce à l’État, il paraît pour le moins surprenant que la Chambre et certains de ses représentants horlogers, secteurs industriels les plus soutenus par les pouvoirs publics, soient dorénavant… les chantres du démantèlement et des allégements fiscaux.
DONZE, Pierre-Yves, Histoire de l’industrie horlogère suisse : De Jacques David à Nicolas Hayek (1850-2000), Editions Alphil – Presses universitaires suisses, Neuchâtel, 2009, p. 166 : Les emplois horlogers passent de 90’000 en 1970 à 47’000 en 1980, avant de plonger à 34’000 en 1990.
Cédric Dupraz